Cessez-le-feu à Katmandou

Ce lundi 3 avril, les rebelles maoïstes népalais ont annoncé un cessez-le-feu unilatéral dans la capitale, Katmandou, où devrait se dérouler cette semaine une manifestation en faveur de la démocratie. "Nous avons décidé d'arrêter notre offensive militaire dans la capitale jusqu'à nouvel ordre", a indiqué Prachandal, le chef des rebelles maoïstes.

Les sept principaux partis d'opposition avaient conclu à la mi-mars un accord avec les rebelles maoïstes, pour une grande manifestation, le 8 avril, contre le roi Gyanendra. "Après des discussions avec l'alliance des sept partis et la société civile, nous avons décidé de stopper notre offensive dans la vallée de Katmandou à partir de lundi soir afin de créer des conditions favorables permettant au public de participer à la manifestation pacifique", a déclaré Prachanda.

L'opposition, quant à elle, appelle à une grève générale de quatre jours du 6 au 9 avril et à des manifestations massives, dans l'ensemble du pays le 8 avril. Le gouvernement, ensuite, a sommé la population de s'abstenir de participer au mouvement et de se tenir à l'écart de la capitale.

Mais Ian Martin, haut commissaire chargé des droits de l'homme au Népal, a demandé au gouvernement de ne pas recourir, cette fois-ci, aux mesures répressives appliquées en janvier dernier. "Le droit à des rassemblements pacifiques devrait être respecté et personne ne devrait être arrêté ou détenu de manière arbitraire pour avoir exercé ses droits à manifester pacifiquement", a-t-il déclaré.

Lors de cette précédente manisfestation de janvier, le gouvernement s'était donné le droit de réprimé le mouvement de protestation en arrêtant plusieurs centaines de membres de l'opposition, ainsi que des militants des droits de l'homme. Les autorités avaient alors imposé un couvre-feu, coupé les lignes des téléphones portables, et interdit les rassemblements publics.

Les partis d'opposition avaient conclu en novembre 2005 une alliance informelle avec les maoïstes, afin d'exercer conjointement des pressions en faveur d'une restauration de la démocratie. Mais l'opposition avait posé comme condition ( lors d'une coopération ultérieure avec les rebelles), que ceux-ci renoncent à la violence.

Les responsables de plusieurs partis politiques ont salué l'initiative des maoïstes. "Le geste positif des maoïstes aidera le mouvement pacifique de l'alliance des sept partis", a déclaré le porte-parole du Parti du Congrès népalais, Prasad Sitaula.
Un haut responsable du Parti communiste népalais, Khardav Prasad Oli, a qualifié de bienvenue cette trêve, estimant toutefois qu'elle aurait dû être étendue à l'ensemble du pays. La proclamation d'un cessez-le feu "uniquement dans la vallée de Katmandou, n'est pas assez pour assurer l'instauration d'un environnement propice à la restauration de la paix dans l'ensemble du pays. Mais il n'en reste pas moins que cette initiative est la bienvenu", a-t-il ajouté.

Enfin, le porte-parole de l'armée, Bhusan Chand, a estimé qu'il "eût été bien plus grand que les maoïstes proclament un cessez-le-feu dans l'ensemble du pays". En janvier, les rebelles maoïstes avaient rompu une trêve unilatérale qu'ils avaient proclamée quatre mois auparavant.


Maxime Plaisantin