D-DayNews

07 novembre 2007

Quand les Etats-Unis influencent l'Europe


Mardi 6 novembre, la commission européenne a adopté un nouveau dispositif antiterroriste, très inspiré du modèle Américain. Dans ce dispositif, trois points majeurs sont à retenir.

Franco Frattini, le président de cette commission, a annoncé désirer renforcer la sécurité en matière d’explosifs. Après avoir ravivé les souvenirs des attentats de Madrid, et rappelé qu’ils ont été commis avec des explosifs que l’on trouve dans le commerce, il a indiqué comment la commission comptait réduire le risque de ce type d’attentats. Pour ce faire, créer au sein d’Europol une base de données consacrée aux explosifs, ainsi qu’établir un système d’alerte qui permettrai d’informer rapidement les autorités compétentes. Ces autorités agiraient dès l’annonce de vols d’explosifs ou lorsqu’un nouveau mode d’action terroriste est révélé. Interpol a recensé en Europe sur l’année 2006, 498 actes terroristes. Quelque 706 suspects ont été arrêtés.
Il serait donc de bon ton de réagir plus rapidement encore, peut-être même de devancer ces attaques terroristes et donc de les éviter. Et ce nouveau dispositif a bien pour objectif d’accélérer les processus d’investigations. S’il se révélait payant, il faudrait admettre dignement que la « paranoïa » des Américains, souvent moquée en France, peut avoir du bon, au moins lorsqu’il s’agit de réduire les actes terroristes.

Il est également question de rendre crime l’entraînement pour le terrorisme et son recrutement, par des provocations publiques ou par Internet. Petit rappel : Internet, n’était au départ qu’une interface militaire. Libérée au grand public, elle est devenue surpuissante, avec les dérives que l’on connaît. Cette seconde proposition a pour objectif de donner aux différentes juridictions de l’Union Européenne tous les instruments appropriés, afin de traduire en justice, les criminels diffusant toute propagande violente, en livrant des informations sur les tactiques terroristes, et des instructions pour confectionner et utiliser des bombes ou des explosifs. Internet, la nouvelle « arme » des terroristes, ne serait-elle pas, finalement, celle qui peut les détruire ?

Le dernier point de ce nouveau dispositif vise à identifier les utilisateurs d’avions. Comme aux Etats-Unis ou au Canada, il faudra remplir une fiche avant de prendre l’avion si l’on souhaite sortir du continent ou alors y entrer. Sur cette fiche seront inscrites les principales informations caractérisant l’individu : nom, prénom, adresse, mail, téléphone… Et même si l’on se rapproche de ce système américain, qui impose de tout révéler de sa propre personne, il y a des limites que Franco Frattini et l’Union Européenne ne souhaitent pas dépasser. Alors qu’aux Etats-Unis il est impératif de mentionner sa religion, son origine ethnique, ses opinions politiques, ou de préciser des indications sur sa santé ou sa vie sexuelle, l’Europe exclue d’imposer ce genre de renseignements aux passagers.

Toutes ces informations ne seront d’ailleurs pas éternellement enregistrées. Si au bout de cinq ans la fiche n’a pas été utilisée, s’en suivra une période « dormante » de huit années, avant que ne soient supprimées définitivement ces données… Supprimées après treize années de repos dans un tiroir informatique. Supprimées, mais jusqu’à quand ? Car plus le temps passe, plus les services de renseignements se fournissent d’informations toujours plus confidentielles sur chaque individu. Nous avons déjà un numéro sur notre permis de conduire, un numéro sur notre carte d’identité. Peut-être un jour aurons-nous un numéro d’être humain. Si cela nous promettait une sécurité à toute épreuve, alors nous pourrions sans doute l’accepter.
Mais la sécurité doit-elle conditionner les gens ? Et si George Orwell avait raison ?
A nous de voir si notre protection tient sur un disque dur, ou si elle appartient à nos mœurs…




Maxime Plaisantin