D-DayNews

18 avril 2006

Crise : l'Iran et son pétrole inquiètent



Simon Wardell, analyste au centre de recherche Global Insight, explique que "les gens demeurent inquiets sur l'Iran. Et une intervention militaire pourrait fermer le Golfe au transport maritime, donc au transport du pétrole, ce qui serait le pire des scénarios, mais aussi conduire à une réduction de la production iranienne. Si le pire des scénarios se produisait en Iran, les prix du pétrole pourraient monter exceptionnellement haut. En cas de fermeture du Golfe au transport maritime, on pourrait ainsi voir les prix grimper à 150 dollars et probablement plus haut».
Il s'agirait à présent "d'une course engagée vers les 75 dollars".

Mardi, les membres permanents du Conseil de sécurité de l'Onu, ainsi l'Allemagne, devaient discuter à Moscou des mesures à prendre face à Téhéran, qui a défié la communauté internationale ces derniers jours, faisant état de progrès substantiels dans l'enrichissement d'uranium (le président Mahmoud Ahmadinejad a déclaré avoir enrichi l'uranium à 3,5%. A ce taux, il peut être utilisé en tant qu'énergie nucléaire. Il faut en revanche enrichir l'uranium à 90% pour l'arme nucléaire, ce qui peut être fait avec au moins 1500 centrifugeuses tournant en permanence durant un an).
Le Conseil de sécurité lui a donné jusqu'au 28 avril pour cesser cette activité. Il est d'ailleurs à rappeler qu'une première date fut imposée à l'Iran, fixant alors une limite pour l'arrêt complet de toute activité avec l'uranium. Téhéran ne s'en est pas tenu, et rien ne fut fait que de donner une autre date butoir, donc ce 28 avril. Alors à quoi bon repousser encore la limite qui parait invisibles aux iraniens? On m'a soufflé que cette situation semble étrangement similaire à celle d'avant seconde guerre mondiale, lors de la montée du nazisme, où Hitler violait toujours un peu plus les règles fixées contre lui...

"Si on part de l'hypothèse que la crise actuelle avec l'Iran va empirer et qu'une action militaire va intervenir, les prix du pétrole pourraient très facilement aller jusqu'à 100 dollars", estime Fracis Perrin, de la revue Pétrole et Gaz arabes.

Le marché craint qu'en cas d'attaque militaire, l'Iran réplique notamment en coupant ses exportations de pétrole et en bloquant le détroit d'Ormuz, passage stratégique pour le trafic pétrolier. 16 millions de barils de brut quittent chaque jour la région du Golfe via le détroit qui relie le golfe persique à la mer d'Oman, soit près de 20% de la production mondiale. Car l'Iran est le quatrième producteur mondial, avec une production avoisinant les 4 millions de barils par jour (mbj), et le deuxième plus gros fournisseur au sein de l'Opep (Organisation des pays exportateurs de pétrole).
Le prix du baril a battu un record historique à New York, ce mardi, et continuait d'atteindre de nouveaux sommets à Londres, porté par la crainte d'une escalade militaire entre les Etats-Unis et l'Iran, qui refuse toujours de renoncer à son programme nucléaire.

70,88 dollars. C’est le chiffre record atteint par le baril de brut («light sweet crude» à la bourse de New York, vers 08h10 (heure GMT). 48 cents de plus que la veille. C'est le plus haut niveau depuis le début de sa cotation en 1983. Il bat ainsi son précédent record établi le 30 août 2005 à 70,85 dollars le baril, un jour après que le cyclone Katrina eut endommagé de nombreuses raffineries sur son passage dans le golfe du Mexique.
A Londres, le cours du Brent de la mer du Nord, qui s'échange déjà pour livraison en juin, a franchi pour la première fois mardi le seuil de 72 dollars le baril. Il a gagné jusqu'à 74 cents, à 72,20 dollars, un autre record historique, avant de redescendre à 71,82 à 16h30 (heure GMT). Ajustés à l'inflation, les prix du pétrole restent toutefois bien en dessous des 80 dollars atteints après la révolution iranienne de 1979.
Vers 10h45 (heure GMT), ils progressaient de 36 cents à 70,76 USD à New York et de 42 cents à 71,88 USD à Londres.



Maxime Plaisantin